où donc
étaient fabriqués

plaque sambre et meuse pré-war
 

les étaux  
  Sambre et Meuse ?


Des forges étaient depuis longtemps implantées dans les vallées de la Sambre et de la Meuse pour tirer partie du bois des forêts avoisinantes, qui était nécessaire pour produire du fer avant la mise en exploitation du charbon. Au 19° siècle, l'avènement du charbon consolida leur activité. On y trouvait donc les aciéries de la Sambre, les aciéries de la Meuse, etc ... Vers la fin du du 19° siècle, un regroupement d'usines des deux vallées combina les deux noms en "Sambre et Meuse", jouant sur la flatteuse réputation d'invincibilité de l'illustre armée site externe des "soldats de l'an II" qui sauva la Patrie en 1794. Conduite par Jourdan, Kléber, Hoche, elle repoussa les ennemis au-delà des frontières et conquit la Belgique, laquelle fut rattachée à la jeune République et divisée en départements. Le département de Sambre-et-Meuse site externe, chef lieu Namur (la ville est bâtie au confluent des deux cours d'eau), restera français jusqu'à la chute de l'Empire, en 1814. La gloire de l'armée de Sambre-et-Meuse est commémorée par la marche militaire site externe éponyme, composée en 1867 par Robert Planquette, un des grands classiques ayant rythmé le pas de défilé de ceux d'entre nous qui furent conviés à ce genre d'exercice.


Création des aciéries de Sambre et Meuse dans la dernière partie du 19° siècle

Je ne sais pas qui racheta l'autre, probablement une aciérie de Jeumont qui acheta celles de la Meuse à Stenay. La société issue du regroupement prit en juin 1900 le nom de "Sambre et Meuse" et, peu de temps après, possédait des usines à Jeumont (Nord), Stenay site externe (Meuse) et Calais (Pas-de-Calais). L'usine de Calais était de loin la plus importante, le montant des immobilisations y étant le quadruple de celles de Jeumont, qui étaient elles même le quadruple de celles de Stenay. Toutefois, le siège social restait à Jeumont. En 1913, la société céda ses hauts-fourneaux de Calais aux Aciéries de France. Ultérieurement, Sambre et Meuse engloba les Forges et aciéries Nestor Léonard, créées en 1911 à Feignies (Nord) par la reprise des Usines et aciéries de Feignies.

 
Aciéries de Sambre et Meuse à Jeumont
aciéries de Sambre et Meuse à Jeumont
  Aciéries de Sambre et Meuse à Jeumont
aciéries de Sambre et Meuse à Jeumont
 
Aciéries de la Meuse à Stenay
aciéries de la Meuse à Stenay
  Aciéries de Sambre et Meuse à Calais
aciéries de Sambre et Meuse à Calais

 

action des aciéries de Sambre et Meuse à Jeumont  

 

 

Comme en atteste cette part sociale de 1935, le capital social des "Aciéries de Sambre et Meuse" avait été porté à 11 400 000 francs et restructuré.

La société des aciéries de Sambre et Meuse, fondée en 1900 pour une durée de trente ans, avait vu son capital augmenter à plusieurs reprises. Le réaménagement de 1935 clarifiait la superposition de parts des émissions successives et préparait très vraisemblablement l'extension à Saint-Brieuc. On remarquera que le siège social reste à Jeumont.

 

 

Les étaux des Usines et aciéries de Feignies, ancêtres directs des Sambre et Meuse ?

Les Forges Nestor Léonard (donc ultérieurement Sambre et Meuse) trouvèrent dans l'escarcelle des Usines et aciéries de Feignies, lors de leur reprise, la gamme d'outils en acier forgé que celles-ci proposaient à leur catalogue : étaux de forgerons, pioches, socs de charrue, serre-joints ... et des étaux d'établi de différents calibres. Les plus gros étaux parallèles correspondent déjà à l'ébauche des futurs Sambre et Meuse.

 
Usines et aciéries de Feignies
aciéries de Sambre et Meuse à Jeumont
  Étaux au catalogue de l'usine de Feignies
aciéries de Sambre et Meuse à Jeumont
 

On note la coulisse carrée et le débord du socle sous la coulisse pour la soutenir : deux caractéristiques qu'on retrouve dans les étaux Sambre et Meuse. La forme de la cage de ces derniers a évolué : elle est devenue rectiligne mais les plus anciens avaient également la forme incurvée des rebords antérieurs que montre l'image ci-dessus.

Vers 1937 : installation à Saint-Brieuc

En 1936 ou 1937 Sambre et Meuse racheta les Aciéries électriques de Saint-Brieuc, qui avaient été balayées par les répercussions de la crise de 29, et y transporta l'activité de son usine de Stenay, qui fut fermée. Saint-Brieuc était déjà une agglomération industrielle avec, en particulier, l'installation récente du fabricant de chauffe-eau Chaffoteaux et les Forges et Laminoirs de Bretagne, qui traitaient les ferrailles (leur propriétaire, M. de Villeneuve, possédait aussi les Forges et Laminoirs de Feignies, peut-être une relation d'affaires qui fit le lien). En effet, la production de l'Est se trouvait trop exposée en cas de conflit avec l'Allemagne : en 14-18 la production de la Lorraine avait été perdue. Le transfert dans l'Ouest de la France avait donc un motif stratégique. Toutefois la défaite de juin 1940 rendit cette précaution inutile; d'ailleurs l'usine de Saint-Brieuc fut contrainte, pendant l'Occupation, de fabriquer des pièces de char pour l'armée allemande.

Dans le contexte industriel très favorable des "trente glorieuses", Sambre et Meuse se trouvait un groupe puissant. La vieille aciérie de Jeumont avait été fermée dans l'immédiat après-guerre; l'usine de Feignies comptait plus de 2000 personnes et celle de Saint-Brieuc 480. L'énigme n'est pas éclaircie de façon certaine mais des recoupements font penser que, tant que l'usine de Saint-Brieuc fut dans le giron de Sambre et Meuse, c'est là qu'on fabriqua les étaux. L'usine de Saint-Brieuc avait d'ailleurs une activité beaucoup plus large, portant sur la fabrication de pièces moulées diverses et de fontes spéciales, dont elle était le premier fournisseur français pour certaines qualités.


aciéries Manoir Industries à Saint-Brieuc anciennement Sambre et Meuse  

 

Usine Manoir Industries de Saint-Brieuc,
ancienne usine Sambre et Meuse

 

 

Recentrement du groupe sur la fabrication de matériel ferroviaire à Feignies

Malgré la haute technicité de ses produits, le groupe a souffert de la crise, comme l'ensemble de l'industrie sidérurgique. Il fusionna en 1995 avec Manoir Industries, qui s'en défit pas la suite mais garda l'usine de Saint-Brieuc. Fin 2002 la société Sambre et Meuse fut reprise par une partie de l'encadrement; elle ne comptait plus alors que 180 employés dans son unique usine de Feignies. L'activité a été recentrée sur le matériel ferroviaire; la fabrication d'étaux a été arrêtée en 2009. Fin 2010 Sambre et Meuse a été rachetée par le conglomérat d'État russe de matériel ferroviaire UVZ (Uralvagonzavod), en vue de la rénovation du matériel roulant de ce pays.

Triste nouvelle en mars 2015 : Feignies : Sambre et Meuse liquidée et occupée par ses salariés site externe   (France 3 Nord-Pas-de-Calais)

 

Sources :

L'industrie du fer dans le bassin de Maubeuge site externe par R. Matton, sur Persée site externe.

Prémices de la décentralisation : la création d'entreprises industrielles dans les Côtes-du-Nord (1870-1940) site externe par Christian Bougeard, sur Persée

Les fonctions industrielles de Saint-Brieuc site externe par Marcelle Simon, sur Persée

L'Aciérie de Saint-Brieuc site externe

Les Échos : prise de contrôle Russe site externe

Ouest France : Usine Manoir Industries site externe avec une belle photo de coulage des pièces

Notices boursières entre 1914 et 1931.


page incluse dans le site : www.cesari.eu

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